Une opération de chirurgie des seins peut mener à des difficultés de 3 ordres lors de l’allaitement : une montée de lait plus tardive, une insuffisance de la sécrétion lactée (3 fois plus fréquente chez les mères ayant subi une chirurgie mammaire) et des crevasses ou engorgements.
La plupart de ces difficultés ne constituent pas une contre-indication à l’allaitement et de nombreux autres facteurs entrent en jeu dans la réussite ou l’échec du projet d’allaiter.
Quel est l’impact d’une augmentation mammaire et d’une réduction mammaire sur l’allaitement ?
Augmentation mammaire : peut-on allaiter avec des prothèses mammaires ?
Lors d’une augmentation mammaire, les implants proposés sont de plusieurs types : on trouve soit des implants mammaires avec du sérum physiologique soit des implants en silicone, dont le rendu est plus naturel.
L’emplacement de l’implant peut également varier selon les médecins. Actuellement, le plus courant est sous le muscle pectoral.
Lorsque le chirurgien plasticien opte pour une incision péri-aréolaire* l’allaitement peut être compromis, au moins partiellement. L’insuffisance lactée (c’est-à-dire de lait maternel) est alors 5 fois plus fréquente que chez les femmes n’ayant pas eu de chirurgie mammaire.
Il est donc essentiel, selon l’âge de la patiente et ses projets de grossesse, de discuter avec le médecin du choix de la technique.
Les autres techniques opératoires ont un impact bien moins compromettant sur l’allaitement :
– Incision sous l’aisselle : voie axillaire, si le sein ne subit ni affaissement, ni peau distendue.
– Incision sous le sein : voie sous-mammaire, en présence d’un volume mammaire déjà suffisant. C’est l’incision utilisée par nos chirurgiens.
Il arrive que l’implant comprime la glande mammaire, surtout quand il est placé juste au-dessous de celle-ci et que son volume est important. Cela se produit notamment lorsqu’une coque** apparaît.
La glande mammaire diminue alors en taille et peut se retrouver avec une fonction affaiblie qui amoindrit la production lactée.
Il est à noter également que le changement d’implant, qui se fait parfois après une dizaine d’années lors d’une nouvelle intervention, a un impact négatif sur la future lactation. Il est donc important de le prévoir en fonction de ses projets de grossesse.
Enfin, la petite taille de poitrine qui a motivé, chez la patiente, une demande d’augmentation des seins, cache parfois une insuffisance de la glande mammaire. En effet, celle-ci ne peut produire assez de lait en raison de son faible développement, et ce, avant même toute intervention chirurgicale.
Si la capacité à allaiter chez les femmes qui ont un implant mammaire est la question qui revient le plus souvent, celle de la qualité du lait mérite également qu’on s’y penche.
Le silicone des prothèses mammaires peut-il entrer dans la composition du lait maternel et s’avère-t-il toxique chez le bébé ?
Le silicone est un composé très utilisé dans les tétines des biberons et largement présent dans l’environnement.
Des études ont mesuré le taux de silicone dans le lait de mères ayant une prothèse mammaire et dans celui de celles qui n’ont pas eu recours à la chirurgie plastique du sein : les résultats de ces études ne démontrent pas de réelle différence. En l’état actuel des connaissances, aucun élément ne permet de penser que l’allaitement par une mère ayant recouru à une augmentation mammaire soit risqué pour le bébé.
En revanche, les dérivés du silicone s’avèrent présents dans le lait industriel en quantité 11 à 13 fois plus élevée que dans le lait humain et jusqu’à 333 fois dans le lait en poudre pour enfants.
l’allaitement fait-il perdre le résultat d’une augmentation mammaire ?
Tout dépend de chaque femme : de la taille de la glande mammaire située sur l’implant, du volume de la prothèse, des fluctuations du poids. Si la glande mammaire était déjà importante, il arrive qu’une ptôse mammaire*** se produise et exige une réintervention chirurgicale. Sinon, l’impact peut s’avérer insignifiant.
Comment allaiter après une réduction mammaire?
Une réduction mammaire est pratiquée en cas d’hypertrophie mammaire, de disproportion du volume des seins. Le mamelon est découpé puis repositionné. Dans ce cas, moins on retire de tissu, plus les chances d’allaiter sont élevées. Ces chances sont encore améliorées par un intervalle de temps plus long entre la chirurgie esthétique du sein et l’allaitement.
Les chances de réussir l’allaitement sont cependant moindres après une réduction mammaire. S’il est presque toujours possible d’avoir du lait, c’est la quantité qui s’avère parfois insuffisante en raison des lésions qui ont été engendrées par la chirurgie tant au niveau des nerfs qu’au niveau des canaux empruntés par le lait.
Notez qu’une bonne information de la mère, accompagnée de bonnes pratiques lors de la mise au sein favoriseront une mise en place réussie de l’allaitement. Des compléments devront parfois être envisagés.
La croissance des bébés dont les mères ont subi une réduction mammaire devra être contrôlée plus rigoureusement afin de vérifier que la production de lait maternel soit suffisante.
En cas de ptôse mammaire***, la chirurgie est similaire tout comme les conséquences. Quand la glande mammaire n’est pas du tout touchée, les chances de réussir son allaitement sont nettement améliorées.
Allaiter après le traitement de mamelons rétractés
Les mamelons rétractés concernent 15 % des femmes environ. Cela signifie que le mamelon ne ressort pas mais qu’au contraire, il est tourné vers l’intérieur. Plusieurs procédés permettent de le faire ressortir, comme utiliser un tire-lait ou apposer un glaçon.
Quand le mamelon est ombiliqué, aucune méthode manuelle ne fonctionne : l’allaitement peut être difficile et même douloureux.
La chirurgie des mamelons rétractés consiste à pratiquer des petites incisions dans le mamelon, ce qui n’affecte pas l’allaitement quand l’opération est réussie, sans lésions. Malgré l’absence d’étude sur le sujet, il est conseillé d’attendre entre 2 et 3 ans entre l’intervention et l’allaitement.
La chirurgie mammaire n’est donc pas une contre-indication à l’allaitement
Dans une étude de 2010 sur les effets de la réduction mammaire sur l’allaitement, les patientes attribuent, pour 30 % d’entre elles, l’échec ou l’absence totale d’allaitement aux encouragements insuffisants de la part du corps médical et, pour 2 % seulement, à la chirurgie esthétique du sein.
Ce qui est fondamental pour une jeune maman, avec ou sans opération mammaire, est d’être informée, rassurée et soutenue.
Les difficultés liées à la chirurgie du sein, à savoir, l’insuffisance lactée et la durée moyenne d’allaitement raccourcie, doivent être connues de la maman afin qu’un projet d’allaitement réaliste soit mis en place avec, éventuellement, l’ajout de compléments.
Enfin, la technique choisie a un impact réel puisque l’incision péri-aréolaire est de plus mauvais pronostic sur la production de lait que les autres options. Il est à noter cependant que plus le temps est long entre l’intervention et la grossesse, plus le sein aura pu se réparer, se reconstituer.
Par ailleurs, ne jamais oublier que même si l’allaitement n’est pas réussi sur un premier enfant, il peut tout à fait se dérouler sans problème avec les enfants suivants.
Enfin, si la jeune maman désire procéder à une intervention chirurgicale mammaire après l’allaitement, il est conseillé d’attendre entre 6 mois et un an, afin de s’assurer que l’imprégnation hormonale ait totalement disparu et que la taille des seins soit définitive. Inversement, une grossesse avec allaitement est conseillée au moins 6 mois à 1 an après une opération de chirurgie mammaire afin que tous les tissus aient cicatrisé.
* incision péri-aréolaire : le chirurgien fait son incision soit sur la moitié inférieure (augmentation mammaire, technique non utilisée par nos chirurgiens) soit tout autour de l’aréole (réduction mammaire), la partie rose du sein, sans pour autant l’enlever. Pour la réduction mammaire, il retire une bande de peau, une partie de la glande mammaire et de la graisse.
** coque mammaire : c’est une réaction de l’organisme face à l’introduction d’un corps étranger, l’implant mammaire, dans le corps. Quand la coque est de stade 1, cela n’a pas d’effet pathologique. En revanche, aux stades 3 et 4, la coque peut déformer le sein et le rendre douloureux. Elle nécessite un RV urgent chez le chirurgien.
*** ptôse mammaire : elle est plus souvent appelée « seins qui tombent » ou affaissement mammaire.
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